ZYGOPETALUM
« Le parfum reste la forme la plus tenace du souvenir »
Marcel Proust
Dans le plus grand mystère, les parfumeurs composent avec les essences de plantes. Ils obtiennent ainsi des fragrances riches et complexes. Certaines fleurs
possèdent, elles aussi, le talent d’évoquer à la fois l’amande, le jasmin, la pêche... C’est alors que le bonheur entre dans la maison.
Mais au fait, pourquoi les plantes sont-elles odorantes ?
Zygopetalum - Aquarelle
Ô belle indolente!
en entr'ouvrant tes lèvres-
mes sens enivrés
Claudie
On a longtemps cru que les fleurs se paraient de robes délicates et brillantes pour le seul plaisir de nos yeux. Les effluves enivrants qu’elles nous offrent au jardin ou à la maison confortaient cette idée poétique. La réalité est beaucoup plus prosaïque, comme l’a découvert Linné, célèbre savant à l’origine de la botanique moderne au XVIIe siècle, en provoquant un scandale retentissant : la reproduction, donc la sexualité, se trouvèrent ainsi au cœur du débat !
Sans pollinisation des pistils (organes femelles) par le pollen des étamines (organes mâles), il n’y aurait pas de cerises sur les cerisiers, pas de pommes sur les pommiers... Or, ce sont les abeilles qui se chargent du travail. Les fleurs des arbres fruitiers dégagent une légère odeur miellée qui les attire. Pour butiner le nectar, ces insectes chargent leurs pattes de pollen avant de se poser sur une autre fleur. La nature a tout prévu : guidée par les effluves sucrés du tournesol, l’abeille se pose sur les pétales glissants et incurvés qui forment un toboggan... pour l’amener directement sur le cœur de la fleur, là où se trouvent les parties fertiles. La reproduction de l’espèce est alors assurée. D’autres plantes comme les arums sont pollinisés par les mouches. Le mystère des fleurs odorantes n’est pas pour autant élucidé... Chaque plante adapte son fonctionnement à “son” insecte pollinisateur.
Zygopetalum - Détail de la fleur
Parler parfum demeure un art compliqué. Plus les fragrances sont complexes, plus il est paradoxalement facile de les décrire : certaines roses émettent une odeur de foin coupé, de poire, de cannelle ; le gardénia rappelle à la fois la fleur d’oranger, l’amande...
Comme un peintre, un compositeur de musique ou encore un cuisinier, le parfumeur crée des associations uniques, agréables à l’odorat : la vanille adoucit et accentue le parfum de la lavande, les épices soutiennent et renforcent le jasmin.
Par contre, certaines notes se “tuent“ entre elles. Lis et gardénia, tous deux riches et capiteux, très utilisés en parfumerie, ne doivent pas être associés au risque de se faire lourds et entêtants. Les “nez “, comme on a coutume de les appeler, ont donc convenu d’un vocabulaire propre à rendre les subtilités des odeurs et des parfums ; ces derniers étant des mélanges d’odeurs. On parle ainsi de notes poivrées, fleuries, hespéridées (odeurs d’agrumes)... Avec un peu d’exercice on peut distinguer par exemple, les notes boisées de l’exacum. Conjuguez-le à la fraîcheur discrète du cyclamen et à la douceur capiteuse du zygopétalum et vous aurez peut-être inventé une harmonie digne des plus célèbres parfums !