LE MELON DE CAVAILLON
Les fruits sont arrondis, lisses ou brodés. La couleur de fond de l’écorce vire au jaune à maturité. Ses tranches sont bien marquées. Sa chair est orangée. Sa texture peut être croquante ou fondante. Le fruit est récolté à maturité afin d’optimiser son potentiel aromatique.
Aquarelle* 36 x 26
Des origines au XVIIIème siècle
Originaire d'Afrique ou d'Asie, le melon était connu des Grecs et des Romains. Selon les croyances musulmanes, le melon pousse au paradis, où il est le fruit
préféré d'Allah. Les grecs, quant à eux, parlaient du melon comme d'une "pomme cuite au soleil". Au Japon, le melon est considéré comme une offrande, un cadeau princier.
Parmi les plus anciens, on cite les melons dits « brodés », variété oblongue à l'écorce verdâtre, rugueuse et comme couverte de broderies filiformes. On l'achetait
"à la taste", c'est à dire qu'on pouvait le goûter, moyennant quelques centimes de plus. Puis vint la variété Cantaloup, ainsi nommée parce qu'elle fut d'abord cultivée à Cantalupo, villégiature
des papes à quelques lieues de Rome. Ce melon fut vraisemblablement introduit en France en 1495, au retour de l'expédition de Charles VIII en Italie.
Très vite, il est cultivé à Cavaillon, alors terre pontificale, comme en témoigne un document des archives de la ville. Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, le melon
est un fruit rare, cultivé avec soin dans le meilleur coin du jardin potager, dégusté avec respect, comme l'artichaut et la pêche, devenus communs aujourd'hui.
Le XIXeme siècle
Dès la première moitié du XIXème siècle, de nombreux courriers parviennent à l'administration municipale demandant l'envoi de graines de melon. Ces courriers
viennent de France mais aussi de Sardaigne, d'Algérie, d'Egypte, du Mali ou encore de Guyane.
Cette renommée s'installe alors largement, et jusqu’à Paris elle trouve nombre d’amateurs dont l’écrivain prolixe Alexandre DUMAS. Ce dernier reçoit en 1864 une
requête du Bibliothécaire de Cavaillon qui, pour augmenter les collections de la jeune Bibliothèque Municipale, lui demande quelques volumes de ses œuvres. Il répondit en ces termes : "(...) ayez
la bonté de dire à M. TOUREL, votre honorable Maire, que je mets à cet envoi une condition : si la ville et les autorités de Cavaillon estiment mes livres, j’aime fort leurs melons et je désire
qu’en échange de mes 300 ou 400 volumes, il me soit constitué, par arrêté municipal, une rente viagère de 12 melons par an (...)". Le Conseil Municipal, ravi de l’aubaine, accepta cette offre et
livra à Alexandre Dumas ses 12 melons annuels jusqu’à sa mort en 1870.
Le XXème siècle
C'est après 1870 que la culture de la garance, jusque là prospère, laisse sa place à une production croissante de légumes. L'arrivée du P.L.M. (train reliant Paris,
Lyon et la Méditerranée) permet d'assurer, sur l'axe rhodanien et vers Paris, un écoulement extraordinaire, inconnu auparavant.
En 1955, le territoire de production du Melon de Cavaillon s’étend vers la Crau. Les premiers essais de la serre effectués par Raymond Ventron en 1958 permettent de
mettre au point une technique assurant la venue du melon dès la fin avril/début mai.
A partir de la fin des années 60, les exportations internationales s’intensifient. Le Melon de Cavaillon devient un citoyen du monde.
*Aquarelle réalisée d'après celle de c Graniou
"Toile à déguster-
la chair orangée des melons
fond dans ma bouche"
Claudie